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Parentalité : éducation positive et interdits
Parentalité : éducation positive et interdits
- Modifié le 
10
November
2022

Parentalité : éducation positive et interdits

Comment se positionner face aux enfants ? Est-il bon d’interdire, de punir ? Ou bien faut-il au contraire  laisser l’enfant libre de ses choix ? Conseils de notre psychologue.

Psychologie
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Je reçois régulièrement des adultes et des parents qui se questionnent sur l’éducation positive et le bien fondé des interdits.

  • Comment se positionner face aux enfants ?
  • Est-il bon d’interdire, de punir ?
  • Ou bien faut-il au contraire  laisser l’enfant libre de ses choix ?

Autant de questions délicates dans cette nouvelle ère de la parentalité.

Alors finalement, pourquoi les interdits nous protègent-ils ?

Les « codes » familiaux, les règles éducatives ont bien évolué depuis quelques années et c’est bien !

Il s’agit de s’adapter le plus possible au rythme de l’enfant et d’éviter de le figer dans des carcans dont il aurait du mal à sortir.

Avec l’essor des neurosciences, nous comprenons aujourd’hui de mieux en mieux comment fonctionne le cerveau d’un adulte et celui d’un enfant. Nous pouvons donc agir avec de meilleures connaissances pour élever et faire grandir l’enfant qui apprend à notre contact.

Éducation positive et interdits

Les fabuleux enseignements de la frustration dans l’éducation

Bannir les violences éducatives a été une décision importante, car nous savons aujourd’hui que des stimuli nociceptifs (douleurs, punitions) répétés ne favorisent pas l’apprentissage, bien au contraire. Ils bloquent les capacités créatives de l’enfant et ne lui permettent pas de développer son libre arbitre.

Cependant, cela ne signifie en aucun cas abandonner les interdits, les règles et les limites.

Il est urgent de cesser de confondre éducation positive et laisser-faire.

L’ éducation positive vise à élever l’enfant, c’est-à-dire lui permettre de développer ses ressources, ses compétences et construire son référentiel de valeurs-envies-besoins.

Le laisser-faire s’apparenterait plutôt à l’absence de cadre structurant qui pourtant rassure l’enfant.

Parce que nous vivons des émotions fortes en tant qu’adultes et individus, nous aurions tendance à éviter de poser des interdits à l’enfant.

Mais à ce moment, il s’agit de nous protéger nous-mêmes de la culpabilité qu’engendrerait le fait de poser des règles et des interdits. Cela ne protège pas l’enfant, bien au contraire.

Certes, on lui évite de ressentir la frustration, une sensation tiraillante et difficile à vivre pour un enfant comme pour un adulte. Mais c’est justement cette frustration qui construit.

Lorsqu’on est frustré, notre cerveau développe des capacités inouïes et redouble de créativité pour gérer la situation et l’agitation ressentie.

  • En premier lieu, il apprend à patienter, à attendre. Nous développons donc notre capacité à différer nos envies. C’est-à-dire que nous commençons à tolérer le fait que nos envies ne puissent être assouvies immédiatement, de manière impulsive.
  • Ensuite, le cerveau apprend également à imaginer, anticiper la récompense ou l’action positive à venir. Il se projette ainsi dans le futur en développant sa créativité.

On apprend donc à différer, à imaginer, à se projeter dans le futur.

Ces trois apprentissages valent, à eux-seuls, le coup d’être frustré. Qu’en dites-vous ?

Vivre en communauté

Ensuite, les interdits structurent, car ils nous permettent de nous situer par rapport à une communauté.

Effectivement, nous vivons dans une société reine du « tout, tout de suite ». Et même s’il est très pratique de pouvoir se connecter en un clic pour acheter, jouer, regarder des séries, apprendre, voyager, faire du sport, etc… cette façon de consommer n’est pas représentative de la vie en communauté.

Car nous sommes en tant qu’humains, des êtres profondément sociables. Nous avons besoin de vivre en groupe. Et pour vivre en harmonie, tous ensemble, il est essentiel de poser certaines règles qui délimitent le cadre. Cela répond finalement à ce proverbe : « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. »

Il est vrai qu’une fois adulte, nous devons faire face à certaines contraintes. Le fait d’apprendre ces règles, enfant, permet de nous intégrer avec plus de facilités dans certains cadres essentiels à la vie de groupe.

Le pouvoir rassurant du cadre

Enfin, les interdits, les cadres nous structurent en nous protégeant des angoisses fondamentales. Ainsi, ils nous empêchent de nous confronter au vide. L’absence de règles n’est pas synonyme de liberté, car elle nous amène nécessairement à nous questionner, à tenter de nous positionner par rapport aux principes manichéens de bien et de mal. Au final on en perd le sens premier de nos actions.

Le travail de certains spécialistes des sciences humaines auprès des délinquants l’a d’ailleurs bien démontré. Privés de règles, ces enfants sont livrés à eux-mêmes. Ils tentent alors de faire des choix mais n’ont pas la maturité intellectuelle et la sécurité affective suffisantes pour se positionner au regard de leur propre bien-être. Ils agissent souvent impulsivement, guidés par des schémas de répétition négatifs qui finissent par leur nuire.

Plusieurs de ces adolescents délinquants expriment indirectement leur besoin de cadres et de limites en entrant dans le milieu militaire. Et cela les sécurise.

Vous comprenez maintenant à quel point les limites, les cadres sont essentiels à la construction psychique d’un enfant.

Il est de notre responsabilité, en tant qu’adulte, de donner toutes les chances à ces enfants que nous côtoyions, peu importe nos liens avec eux. Que vous soyez leurs parents, leurs enseignants, des amis, des proches, des accompagnants, etc… Ayez le courage de poser ces limites fondamentales.

Alors comment faire pour rester le plus juste possible ? C’est ce que nous allons voir dans le conseil de psy. Suivez-moi

Conseil de psy

Vouloir poser des limites, des interdits, c’est bien ! Mais pas n’importe comment.

Tout d’abord, il est essentiel de prendre le temps d’expliquer à l’enfant pourquoi nous lui interdisons telle ou telle chose.

  • J’attire votre attention sur le fait qu’expliquer ne veut pas dire argumenter ou justifier. Si vous posez une limite fondamentale pour vous, affirmez-la. C’est justement parce que vous ne serez pas sûr de vous et que vous vous justifierez que l’enfant sentira votre hésitation. Et c’est très insécurisant.
  • Ensuite, établissez des règles, des limites, des interdits qui soient justes. Je ne parle pas ici de se « faciliter » la vie. Il s’agit bel et bien d’enseigner à l’enfant ce qui peut être dangereux pour lui et les autres, ce qui nuit à la liberté des autres, ce qui peut lui porter préjudice à lui-même. Alors soyez le plus clair possible dans votre ligne de conduite éducative.
  • Enfin, autorisez-vous à être sûr de vous, tout en restant ouvert à la critique extérieure. Il est nécessaire de conserver une ouverture d’esprit qui va vous permettre de moduler vos avis, de prendre du recul et d’adapter vos modèles éducatifs. Changer est bon signe. C’est justement la preuve d’une belle ouverture d’esprit et d’un esprit critique développé. Néanmoins, vous possédez des valeurs qui vous sont chères et qui ont forgé votre personnalité. Ces valeurs sont votre plus belle richesse et un merveilleux cadeau à transmettre à votre enfant.

Voilà, les interdits n’ont plus aucun secrets pour vous

J’espère que vous sentez à quel point il est important de sécuriser l’enfant en lui posant un cadre contenant et protecteur.

A vous de jouer !

Je vous retrouve très vite pour une nouvelle notion de psycho !

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