Risques psychosociaux : définition et prévention
Que se cache-t-il derrière ce terme largement médiatisé ? A quoi fait-on réellement référence ? Et surtout, pourquoi est-il important de travailler en amont sur la prévention de ces risques ?
Lorsqu’on travaille en entreprise, on entend souvent parler de « prévention des risques psychosociaux » ou encore RPS. Mais que se cache-t-il derrière ce terme largement médiatisé ? A quoi fait-on réellement référence ? Et surtout, pourquoi est-il important de travailler en amont sur la prévention de ces risques ?
Comme à mon habitude, je commencerai par définir ce terme le plus précisément possible pour que nous ayons tous la même base de compréhension. Puis, dans la partie « conseil de psy » je vous apprendrai comment repérer ces risques et les prévenir, afin de vous alléger dans votre charge de travail.
Allons-y !
Définition des risques psychosociaux
Le terme de risques psychosociaux est apparu progressivement au cours du 21ème siècle pour décrire l’ensemble des éléments qui portent atteinte à l’intégrité physique et/ou psychique du salarié dans son environnement de travail.
Selon le ministère du travail, il s’agit plus précisément de « risques pour la santé physique et mentale des travailleurs. Leurs causes sont à rechercher à la fois dans les conditions d’emploi, les facteurs liés à l’organisation du travail et aux relations de travail. Ils peuvent concerner toutes les entreprises quel que soient leur taille et leur secteur d’activité »
Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Et bien, dans nos environnements de travail actuels, nous devons faire face à de multiples pressions externes qui découlent de l’organisation du travail, des contraintes de productivité, du fonctionnement en groupe (collectif de travail, collègues, relations avec la hiérarchie, avec les clients …) Ces différents éléments fonctionnent comme des facteurs négatifs qui provoquent, à la longue, l’apparition de troubles physiques et/ou psychiques.
Parmi les RPS auxquels il faut être attentif, on retrouve :
- Le stress
- Le syndrome d’épuisement professionnel : « burnout »
- Le harcèlement moral et/ou physique
- Les violences et agressions
Le stress
Il s’agit d’un risque très important rencontré par une grande partie des salariés actuels. En effet, les conditions de travail ne sont pas toujours bien adaptées et le rythme de travail exige une efficacité et une productivité conséquentes, avec des objectifs difficilement tenables. Tout ceci contribue à créer un environnement stressant et épuisant pour l’organisme. Je vous invite d’ailleurs à consulter mon précédent article traitant du stress, de ses conséquences et des solutions pour l’utiliser comme un moteur.
Le syndrome d’épuisement professionnel : le burnout
Avec des niveaux de stress élevés et une charge mentale importante, certains salariés développent petit à petit un syndrome d’épuisement professionnel que l’on connaît mieux sous le terme de burnout. Le burnout résulte d’un surinvestissement massif au travail. Le salarié, pris par des exigences et pressions externes élevées n’arrive plus à relativiser, à rationaliser et se trouve submergé face à la montagne de travail qu’il doit accomplir. Une fois que les niveaux de stress et de charge mentale ont atteint un niveau trop élevé, il est difficile de faire retomber cette pression. Le corps et le cerveau vont tenter, en vain, de mobiliser les ressources disponibles pour faire face à cette pression ressentie, quitte à épuiser ce stock.
Le harcèlement
Certains environnements de travail sont malheureusement nocifs pour les salariés. Il peut y régner une ambiance conflictuelle prononcée avec des échanges entre collègues ou avec la hiérarchie qui ne sont pas propices à l’épanouissement.
Selon le code pénal, le harcèlement moral se manifeste par des agissements répétés susceptibles d’entraîner, pour la personne qui les subit, une dégradation de ses conditions de travail pouvant aboutir à :
- une atteinte à ses droits et à sa dignité,
- une altération de sa santé physique ou mentale,
- ou une menace pour son évolution professionnelle.
Dans tous les cas, le harcèlement qu’il soit moral et/ou physique entraîne de lourdes répercussions sur la santé psychique de la victime. En effet, la baisse de l’estime de soi ainsi que de la confiance en soi sont des conséquences courantes et graves d’un harcèlement répété.
La personne qui en est victime aura bien souvent du mal à évoquer ses difficultés car elle aura peur du jugement de l’autre. Régulièrement, je reçois des personnes victimes de harcèlement qui me racontent leur combat pour sortir de l’humiliation dont elles ont fait l’objet et de la peur de ne pas être entendues et crues.
C’est pourquoi il est nécessaire d’être bienveillant lorsqu’on reçoit le témoignage d’un collègue au sujet d’une problématique de harcèlement potentiel. Bien sûr, il existe des abus, comme partout, mais il s’agit de ne pas prendre à la légère des souffrances qui peuvent s’installer durablement et entraîner de profondes séquelles psychiques chez la victime.
Une personne victime de harcèlement peut souffrir à long terme :
- d’un sentiment de honte envahissant
- D’une perte d’estime de soi
- D’une perte de confiance en ses capacités
- D’une remise en question totale de sa personnalité
Dans des cas graves, la victime ne se sentant pas entendue, ou pire, ayant l’impression d’être jugée par ses pairs risque d’adopter des conduites à risques (addictions, conduites suicidaires, mises en danger répétées, etc…)
Le harcèlement est donc pernicieux en ce qu’il s’installe durablement dans la psyché de celui qui en est victime. A tel point, que cette personne finit par s’identifier aux propos harcelants et perdre toute estime de soi.
Les violences
Le dernier point évoqué lorsqu’on parle de risque psycho-sociaux est le cas des violences. Qu’elles aient lieu entre salariés, avec la hiérarchie, ou les clients, les agressions physiques et psychiques peuvent avoir de graves conséquences sur celui qui en est victime.
Tout d’abord, en cas de violences physiques, la victime peut souffrir après coup d’un état de stress post-traumatique. Les images de l’agression vont revenir en boucle, sous forme de flashbacks, dans des contextes sans rapport avec l’incident. Peuvent s’en suivre différents symptômes envahissants et perturbants pour la vie de la personne (comme sautes d’humeur, anxiété généralisée, conduites à risques, conduites d’évitement, etc…) Lors d’une agression physique, le corps est impacté. Cette atteinte nous renvoie automatiquement au sentiment de vulnérabilité et parfois d’impuissance que nous pouvons tous expérimenter au cours de notre vie.
Au niveau psychique, des paroles violentes peuvent également générer un état de stress post-traumatique et des atteintes physiques et psychiques semblables à celles causées par le harcèlement. En effet, la violence fait toujours irruption dans le psychisme car on y est jamais vraiment préparé. Et, à ce moment, l’ensemble du corps ainsi que le cerveau réagissent pour lutter contre cette effraction. Cette lutte engendre des séquelles car elle épuise les ressources disponibles. C’est d’ailleurs le même problème qu’en cas de stress prolongé.
Vous comprenez maintenant, que derrière ce terme flou de « risques psychosociaux », il existe une véritable définition avec des enjeux fondamentaux pour la protection des salariés. Nous nous devons tous d’être attentifs à ces risques pour préserver la santé physique et psychique de chacun. Et rien n’est plus utile que d’agir en prévention plutôt que de devoir guérir… Nous allons donc aborder quelques recommandations ensemble dans le conseil de psy.
Conseil de psy pour la prévention des RPS
Tout d’abord, le point commun et principal pour lutter contre les risques psycho-sociaux est la prévention. Et dans ce domaine, la communication reste l’outil le plus puissant et efficace.
Il s’agit déjà, au niveau de la hiérarchie, de pouvoir communiquer avec les collaborateurs pour instaurer un climat de confiance propices aux échanges.
Ensuite, chaque salarié est également acteur de sa propre santé et de celle de ses collaborateurs. Je conseille toujours aux personnes que je suis dans le cadre de burnout de verbaliser leurs difficultés auprès de personnes de confiance. Il peut s’agir de collègues de travail, d’amis, de membres de la famille, etc… Il est fondamental de pouvoir extérioriser la tension accumulée dans le cadre du travail en verbalisant ses difficultés.
En cas de difficultés durables, la médecine du travail constitue un tiers important et peut fonctionner comme un soutien pour le salarié en souffrance.
Quoiqu’il en soit, en cas de souffrance, le maître mot est de ne pas rester isolé. C’est justement l’isolement qui aggrave les problématiques rencontrées et qui , bien souvent, pousse à adopter des comportements délétères voire graves.
Si la souffrance est trop lourde à porter, il est bénéfique de consulter un psychologue pour confier ses difficultés, dans un espace neutre, bienveillant et sécure. Pour gérer son stress, différentes techniques d’auto-hypnose, de méditation et de relaxation se montrent très efficaces.
Adoptez également des activités qui n’ont rien à voir avec le travail pour vous évader régulièrement. Ainsi vous créez un équilibre entre contraintes et plaisirs.
Rappelez-vous bien que lorsqu’on souffre durablement, c’est l’estime de soi qui est impactée. Et à long terme, cette dégradation de l’estime de soi entraîne l’ancrage de schémas négatifs qui, nous poussent à répéter certaines situations nocives pour notre bien-être.
Apprendre à communiquer ses difficultés et à parler à des personnes extérieures à la situation problématiques permet de prendre de la distance et de sortir de ces situation de souffrance.
J’espère que cet article vous permettra d’être vigilant concernant votre rapport au travail et de conserver des bulles d’oxygène fondamentales pour l’épanouissement.
Je vous dis à très vite, pour une nouvelle notion de psycho !