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Santé mentale des femmes en entreprise : un nouveau défi
Santé mentale des femmes en entreprise : un nouveau défi
- Modifié le 
08
March
2024

Santé mentale des femmes en entreprise : un nouveau défi

La santé mentale des femmes en entreprise se détériore : troubles du sommeil, insomnies, anxiété, fatigue chronique sont en hausse depuis 3 ans. Cet article explore l'état actuel, les défis à relever et les mesures essentielles pour soutenir le bien-être des femmes au travail.

Culture d'entreprise
Bien-être
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Troubles du sommeil, insomnies, troubles anxieux, fatigue chronique… La santé mentale des femmes au travail s’est dégradée au cours des 3 dernières années. Quel état des lieux ? Quels enjeux et quelles actions mener ?


Des données inquiétantes

Le Baromètre Malakoff Humanis de septembre 2023 dresse un constat alarmant de la santé mentale des femmes en France :

  • 44% des femmes salariées souffrent de mauvaise santé psychologique, contre 32% des hommes - vs 40% en 2020 (un chiffre en constante augmentation depuis 3 ans).
  • 55% souffrent de troubles psychologiques, vs 45% des hommes.
  • 52% sont épuisées professionnellement.
  • 1 sur 10 souffre de harcèlement moral au travail, ce qui constitue un facteur de stress et d'anxiété important.

Et ce n’est pas tout. On parle d’invisibilisation de la santé mentale des femmes : près de 50% d’entre elles ne sont pas diagnostiquées par un professionnel de santé, ce qui retarde la prise en charge et aggrave les symptômes. 

Quels sont les principaux facteurs de risque des femmes  ?

La santé mentale des femmes au travail est influencée par de nombreux facteurs, dont certains leur sont spécifiques (Rapport de l’Assemblée Nationale sur la santé mentale des femmes, des Députées Pascale Martin et Anne-Cécile Violland, juillet 2023).

  • Une charge mentale importante. Les femmes doivent répondre à la fois aux injonctions de dévouement au sein de la sphère familiale et aux injonctions de performance au travail. En permanence sous tension, elles s'efforcent avec difficulté de concilier vie professionnelle et vie privée, dans une société où les stéréotypes de genres et les inégalités de partage des tâches persistent. Cette charge mentale entraîne un sentiment d’échec, une perte de confiance en soi et la dégradation de l’estime de soi.
  • Un fort taux de stress et de burn out. Ce quotidien difficile où les femmes doivent souvent assumer plusieurs rôles simultanément génère un sentiment de surcharge de travail et de stress qui fragilise ainsi leur santé mentale pouvant conduire au burn out professionnel et/ou domestique. 
  • Des discriminations persistantes. Les femmes sont encore souvent victimes de discrimination en matière d’accès à l'emploi, de promotions ou d’accès aux postes à responsabilité (plafond de verre). Autant de facteurs ayant un impact négatif sur leur estime de soi et leur santé mentale.

  • Des violences conjugales et au travail (harcèlement moral et sexuel). En 2021, on dénombre 208 000 victimes de violences commises par un (ex-) partenaire (soit une augmentation de 21% par rapport à 2020. Par ailleurs, les études démontrent que les femmes sont plus fréquemment victimes de harcèlement au travail que les hommes. Ces violences, qu’elles soient conjugales ou au travail, constituent des facteurs de risque majeurs qui s’accompagnent de symptômes de stress post-traumatiques difficiles à surmonter.
  • De profonds bouleversements dans les étapes de vie féminine. Grossesse, post-partum, ménopause sont des périodes de chamboulements hormonaux et émotionnels qui peuvent fragiliser la santé mentale des femmes. Ainsi, la naissance d’un enfant se révèle difficile pour 17 % des femmes, entraînant alors honte, culpabilité et l’impression d’être un mauvais parent, face à l'idéalisation de la parentalité. Par ailleurs, les changements hormonaux associés à la ménopause peuvent avoir des conséquences sur le bien-être physique, émotionnel et social.

  • La stigmatisation face au congé maternité. Pourquoi les femmes éprouvent-elles des difficultés à prendre leur congé maternité ? Parmi les raisons évoquées : la crainte d'être perçues comme moins compétentes ou moins investies après leur congé ; la peur de perdre leur emploi, étant plus souvent dans une situation précaire (CDD, intérim) ; mais aussi le manque de soutien de la part de leur conjoint, de l’employeur ou de leur famille qui ne sont pas toujours à l'écoute ou disponibles, ou encore la pression sociale ressentie pour "revenir vite" et "rattraper le retard". Le congé maternité est loin d’être perçu comme un long fleuve tranquille.
  • Une monoparentalité massivement féminine. Selon l’Insee, 82 % des familles monoparentales reposent sur des femmes qui doivent assumer leurs responsabilités maternelles et leur vie professionnelle. Leurs conditions de vie difficiles, tant au niveau matériel que psychologique, créent un état d'angoisse et de détresse permanent. Une situation souvent aggravée par le manque de modes de garde.

  • Des conditions de travail ardues dans les secteurs dits féminins. Les métiers du “care”, le nettoyage, la grande distribution sont des secteurs constitués à 77% de femmes. Leurs spécificités ? Une intensité et une durée du travail importantes, des métiers éprouvants sur le plan émotionnels, une organisation du travail contraignante (Haute autorité de santé, Burn-out – Repérage et prise en charge, 2019). Souvent en contact direct avec le public, ces salariées souffrent également d’un manque de soutien et de reconnaissance, considérant être mal, voire très mal payées, tout en bénéficiant de peu de perspectives professionnelles. 

À ces nombreux facteurs de risques spécifiquement féminins, s’ajoute un phénomène d’invisibilisation à la fois de la condition féminine, mais aussi des personnes souffrant de troubles psychiques. D'où l’importance d’adopter une approche genrée en matière de santé mentale.

Quels enjeux pour l'entreprise ?

Favoriser la santé mentale des femmes permet de répondre à la fois à des enjeux économiques, sociaux et sociétaux. C’est un levier pertinent pour diminuer le coût lié à l’absentéisme. En effet, les femmes sont surreprésentées en matière d’arrêts maladie (55% d’entre elles ont bénéficié d’un arrêt maladie en 2022, selon Malakoff Humanis). En outre, en vous souciant de leur bien-être mental, vos salariées seront plus engagées, plus motivées et plus productives et vous attirez plus facilement les talents. Par ailleurs, la lutte contre la discrimination et le harcèlement au profit de l’égalité professionnelle contribue à construire une société plus inclusive et plus attentive aux besoins de tous.

5 actions pour améliorer la santé mentale des femmes en entreprise

1. Sensibilisez et formez vos managers et vos équipes

Vous l’aurez compris, il est essentiel de lutter contre l'invisibilisation de la santé mentale des femmes. Comment faire ? 

  • Mettez en place des programmes de sensibilisation aux risques psychosociaux.
  • Encouragez le dialogue et libérez la parole en organisant des conférences, des ateliers et des formations sur la santé mentale des femmes. Objectif ? Donner des outils pour identifier et gérer les signes de souffrance mentale. 
  • Instaurez une culture de sécurité psychologique et de confiance, et créez des espaces de discussion et d'écoute dédiés aux femmes, tels que des groupes de parole ou des cafés-débats pour encourager le partage d'expériences et de témoignages.

2. Favorisez un environnement de travail inclusif

Pour devenir une entreprise inclusive - autrement dit permettre à chacun.e de trouver sa place et d’évoluer avec la même égalité des chances -, il convient de transformer votre culture. 

  • Favorisez la bienveillance, l’ouverture, mais aussi le respect mutuel et l’esprit de collaboration afin d’accueillir la mixité et la diversité.
  • Adoptez une politique de tolérance zéro à l'égard des discriminations et du harcèlement. Pour cela, il est indispensable de former vos managers et vos équipes à la mixité et d’adapter certaines pratiques managériales (en finir les réunions à 18h, par exemple).
  • Améliorez les conditions de travail grâce à une politique de conciliation vie professionnelle/vie privée qui privilégie le télétravail et les horaires flexibles, et permet un aménagement des postes de travail en fonction des besoins des salariés.
  • Afin de réduire la charge de travail, définissez des objectifs clairs et réalistes. 
  • Enfin, encouragez la prise de congés et de vacances !

3. Proposez des mesures de soutien et d'accompagnement

La charge mentale est un facteur sur lequel vous devez agir tant en termes de prévention que d’accompagnement (⅔ des femmes souhaiteraient bénéficier d’un dispositif d’accompagnement - Baromètre Malakoff Humanis

  • Soutenez la parentalité en proposant des services de conciergerie et des solutions de garde d'enfants.
  • Faites la promotion du bien-être mental et de la santé physique par le biais d’ateliers de gestion du stress et des émotions, ainsi que la pratique d'activités physiques et sportives.
  • Favorisez une alimentation saine et équilibrée.
  • Facilitez l'accès aux soins et à la prise en charge, et offrez un suivi psychologique et social aux femmes en situation de fragilité. 

4. Encouragez le leadership féminin et l'inclusion

Il s’agit de permettre aux femmes de développer leur potentiel professionnel et de participer pleinement au développement de votre entreprise.

  • Favorisez l'égalité professionnelle et la mixité à tous les niveaux de l'entreprise, en mettant en place une politique de diversité et d'inclusion.
  • Soutenez le développement des femmes leaders et encouragez-les à prendre des postes à responsabilité en proposant des programmes de mentorat et de coaching qui leur sont dédiés. Ces dispositifs les aideront à lutter contre les pensées limitantes telles que le sentiment d’imposture et développeront leurs soft skills (estime de soi, confiance en soi, affirmation de soi…)
  • Valorisez les contributions des femmes à l'entreprise en vous appuyant sur des modèles féminins inspirants.

5. Mesurez l'impact de vos actions et piloter le changement

Vos actions sont-elles efficaces ? Il est essentiel d’évaluer les mesures que vous aurez déployées pour améliorer la santé des femmes.

  • Mettez en place des indicateurs de suivi de la santé mentale des salariés en tenant compte du genre, notamment concernant les risques auxquels les femmes sont plus particulièrement exposées comme les violences sexuelles et sexistes au travail, les risques psychosociaux.
  • Réalisez des enquêtes de satisfaction et des groupes de parole.
  • Analysez les données et les résultats.
  • Ajustez vos actions en fonction des besoins et des attentes des salariés.
  • Et surtout, communiquez sur les résultats et les progrès réalisés !

En conclusion, améliorer la santé mentale des femmes en entreprise nécessite une approche globale et multidimensionnelle. L'engagement de la direction, la participation active des managers et des équipes, et la mise en place d'actions concrètes et durables sont des clés essentielles pour relever ce défi.

Holivia vous accompagne dans le déploiement de vos actions.

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